Tours, Jeudi 6 Juillet 2006, 1h30.
La france est en finale de la coupe du monde de football.
Les klaxons résonnent encore, et résonneront probablement encore quelques heures.
De toute cette foule unanimement en liesse, je ne retiens qu'un sentiment fatal de vanité, et de gachis. D'un gachis énorme et déprimant d'énergie.
Et pourtant j'ai regardé le match, moi aussi. Avec des potes, en sirotant de la bière, en bouffant du pâté, et en causant choix tactique, partialité de l'arbitre, le tout teinté d'un débonnaire chauvinisme encore sans conséquence. J'ai vu un match minable et mou, sans adrénaline, ou même le plus convaincu des supporters a surement du puiser dans ces ressources les plus profondes pour encourager avec conviction une équipe blafarde engagée dans un match terne et poussif.
La liesse sans folie actuelle est d'ailleurs à l'image de ce match. Une joie programmée, où l'on reproduit des gestes déjà établis, des chants, des klaxons, des cris, des drapeaux, mais le tout sans beaucoup de spontanéité finalement.
Cette pseudo-joie m'emmerde... L'euphorie sucitée par ces matchs de foot a déjà en soi quelque chose de grotesque, mais lorsqu'en plus elle n'est que l'expression d'une satisfaction liée à l'unique résultat, une place en finale, enfoirés de portuguais roublards qui n'ont plus qu'à rentrer chez eux maintenant.... j'ai comme une gène.
Et c'est ce que je vois ce soir. Des gens en manque de folie, et c'est tout. Crier, chanter, danser, s'embrasser entr'inconnus, se foutre à poil, faire unanimement les cons, voilà ce qui leur manque. Et ce manque semble si pesant que tout le monde est d'accord pour le combler dès qu'un ballon poussé par un certain maillot franchit une ligne de craie.
.... Me font chier ces gens. J'y crois pas à leur joie. On avait brandi le drapeau français en 98 en exibant cette équipe multi-colorée, en criant fièrement que voilà la France d'aujourd'hui. Qu'en est-il 8 ans plus tard? Nada, peau d'nib, on stagne plus que jamais dans cette douce France chaleureusement raciste. On expulse encore plus ces pas_franchement_français_sans_papiers. Les reubeus demeurent reubeus, le cri de leur cités devant s'exprimer brutalement au travers de raps contestés, plutôt que sur un banc de l'assemblée.
Humm... STOP, je m'égarre.
Au fond, fais chier la coupe du monde de football.